L'Orient - Le Jour du tac au tac

Les casques bleus dénoncent la venue du président syrien à Paris

Laurent Attar-Bayrou, président de l’association internationale des soldats de la paix (Casques bleus) a jugé mercredi que la présence du président syrien Bachar al-Assad au défilé militaire du 14 juillet serait « un scandale, une atteinte à la mémoire » des soldats français tués en 1983 dans l’attentat du Drakkar au Liban. « Quand même, au Liban la France a perdu des hommes, les 58 parachutistes qui sont morts à Drakkar plus tous les morts pendant les années 80 », a déclaré sur France Inter M. Attar-Bayrou, qui faisait à l’époque partie du contingent français de Casques bleus au Liban. Affirmant que « clairement il a été déterminé que la Syrie était commanditaire, fournisseur en armes, en moyens du hezbollah », il a souligné qu’il n’y avait « jamais eu de repentance de ce pays ». « Et maintenant nous allons donner les honneurs, faire défiler nos troupes devant le représentant de ce pays. C’est pour nous un scandale, une atteinte à la mémoire de ces jeunes et de ceux qui ont contribué au rayonnement de la France et à la paix au Liban », a dénoncé M. Attar-Bayrou. Selon lui, « on demande de la morale, il faut déjà commencer par la respecter et respecter ceux qui ont servi au péril de leur vie ». Le 23 octobre 1983, 58 soldats français de la force multinationale d’interposition avait été tués, dans un attentat au camion piégé contre l’immeuble du poste français Drakkar. L’attentat avait été revendiqué par le Jihad islamique.


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Appartement dangereux

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French Kiss

Youpla boum, tagada tsoin tsoin ! C’est champagne au palais des Mouhajirine. Les Assad trinquent. Et sourient – toutes dents dehors. Hop : une coupe à la gloire de Nicolas Sarkozy. Hop : une coupe parce que c’est bien fait pour Jacques Chirac. Hop : encore une coupe parce que les Américains l’ont dans l’os. Hop : une coupe à la (mauvaise) santé des chefs du 14 Mars – en espérant que si les voitures piégées ne les ont pas achevés, le spectacle de Riad Naassan-Agha, reçu rue de Valois, le fasse. Et avant l’apoplexie finale des 13 et 14 juillet. Hop : une cinquième coupe enfin pour cette vaillante Christine Albanel qui n’a décidément peur de rien, encore moins de ses infinies tracasseries internes, et qui reçoit à bras ouverts, certes sur injonction présidentielle, son charmant homologue syrien. Qui n’en demandait sans doute pas tant. Youpla boum, tagada tsoin tsoin ! Nicolas Sarkozy l’avait promis : une nouvelle page est peut-être en train de s’ouvrir dans les relations entre la France et la Syrie, Riad Naassan-Agha l’a confirmé : Ma visite vise à tourner la page, a-t-il bombé le torse, se félicitant même du climat de compréhension entre Paris et Damas.
Les Assad trinquent, les Assad sont pompette, et, comme à chaque fois où la Camorra du Barada exulte, les Libanais ont mal au ventre. Et à la tête. Une sale gueule de bois.
Mais la France est là. N’est-ce pas ? Absolument.
Elle l’a été ; même lorsqu’en Mitterrandie, elle avait pudiquement fermé les yeux sur le cadeau fait par Bush père à Assad père : le Liban ; peut-être jamais plus comme/autant qu’en Chiraquie. Elle l’est : toute la Sarkozie ou presque qui débarque à Beyrouth pour saluer l’élection d’un chef de l’État, voilà un nouveau, un inédit, un gargantuesque chapitre de l’histoire des deux pays qui s’écrit, superbe, à l’encre indélébile. Elle le sera – c’est immuable : la France, souvent tigresse avec ses petits, le devient bien davantage lorsqu’il s’agit, bizarrement, du vilain petit canard, qui n’a ni pétrole ni idées (pour l’instant) ni minerais ni rien du tout. Et si, par accident ou par suprême nécessité, elle griffe, elle égratigne, ou qu’elle est la raison de ces insupportables gueules de bois, la voilà qui, immédiatement, par amour ou par pitié, c’est atavique, soigne, guérit, cicatrise ; à la fois (petite) blessure et (super)baume.
La France est là. Et elle ne vendra jamais son petit. N’est-ce pas ? Absolument.
Sauf que la France a ses intérêts. Il est d’ailleurs on ne peut plus légitime qu’elle leur donne toute la prorité. C’est une loi de la nature : pour nourrir ses petits, pour s’en occuper, la mamma doit d’abord penser à elle. À la bonne heure : l’excellent Jean-David Lévitte, longtemps hyperimbibé de chiraquismes, va se retrouver bientôt à Damas. Sur injonction de son président, soucieux certes de déchiraquiser, d’imprimer sa patte, mais mû aussi, surtout, par plusieurs impératifs. Un : s’occuper des dividendes économiques polymorphes que la France peut tirer en terres syriennes. Deux : réussir, localement et régionalement, là où les autres, les autres grands, ont échoué. Trois : affirmer cette constante française qui devrait bien un jour, tout le monde l’espère, finir par triompher : la France est l’amie de tous les Libanais. Quatre : nuancer son hyperatlantisme, revendiqué et affiché pourtant, cette californisation de sa conception de l’hexagone comme de lui-même, en prenant de jolies et gaulliennes distances avec l’objet de toutes les fascinations. Réaction d’ailleurs immédiate : la voilà qui sursaute et qui demande des explications, cette Amérique qui ne manque décidément ni de culot ni de capacité à l’amnésie sélective, et qui restera la dernière à pouvoir jouer les duchesses offensées et les maîtresses d’école ; elle que n’ont toujours motivée que ses purs et propres intérêts. La très grande majorité des Libanais, chats extrêmement échaudés, sont loin, bien loin, du moindre anti-américanisme primaire. Bien au contraire. Ravis de cette convergence quasi totale depuis 2004, ravis de voir la première puissance planétaire se faire l’écho de leurs obsessions (la Syrie est une dictature, la Syrie a vampirisé le Liban, la Syrie est au moins coresponsable, de près comme de loin, des assassinats de Libanais, la Syrie a un besoin pathologique de revanche sur son Petit Poucet de voisin), ces Libanais ont juste besoin de beaucoup de temps et, surtout, de beaucoup de preuves, de concret, pour réussir à se débarrasser de leur très compréhensible paranoïa.
Bref. La politique sarkozyste à l’égard de la Syrie est cohérente : facilitez l’élection d’un président de large consensus au Liban et on commencera à penser à votre démarginalisation. Elle peut paraître hypernaïve, elle l’est sans doute : comment peut-on transformer le chacal en agneau ; elle n’en reste pas moins particulièrement pragmatique. Plus encore : Napoléon B. étant un génie, impossible n’étant pas français, rien ne dit que le Liban ne pourrait pas être l’un des principaux bénéficiaires de cette (timide) reprise de tango entre Paris et Damas – si seulement Nicolas Sarkozy invitait de temps en temps son monumental prédécesseur à déjeuner…
À condition, naturellement, de répondre à quelques questions. L’instinct maternel est-il soluble dans l’opportunisme économico-géopolitique ? La circonspection, la prudence, la retenue résistent-elles toujours aux appels, souvent sonnants et trébuchants, des sirènes orientales ? Faut-il toujours casser de très précieux œufs pour faire une omelette dont on ne garantirait même pas la réussite ? En un mot : y a-t-il des limites à la realpolitik encore une fois naturelle et légitime – si oui, lesquelles ? Et si non, alors, par Toutatis, pourquoi ?

Ziyad MAKHOUL


La leçon de Doha

La Ligue arabe s’illustre trop souvent par ses silences et par son impuissance pour qu’on ne salue pas à sa mesure le succès obtenu avec l’accord de Doha. Le compromis trouvé entre la majorité et l’opposition libanaises est certes fragile et renvoie à plus tard la question cruciale du démantèlement d’une milice, celle du Hezbollah, qui a tourné pour la première fois ses armes contre des Libanais, début mai. Il n’empêche. Un accord était nécessaire pour consolider le cessez-le-feu, effectif depuis dix jours. Il a été trouvé. Le poste de président de la République, vacant depuis six mois, va être enfin pourvu, et les législatives de 2009 vont peut-être se préparer dans la sérénité.

Au regard des scènes de guerre d’il y a deux semaines, ce résultat n’est pas négligeable. La France, qui s’est escrimée pendant plus de six mois pour trouver une entente, parfois de manière un peu brouillonne quand elle a renoué aussi brusquement que brièvement avec la Syrie, ne peut que le confirmer.

Ce succès doit beaucoup au volontarisme du premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani, personnage flamboyant et homme de confiance de l’émir, mais aussi au rôle joué par d’autres Etats arabes habitués aux seconds rôles au sein de la Ligue. Ceux-ci ont profité de la neutralisation de fait des poids lourds impliqués dans l’affaire libanaise, qu’il s’agisse de l’Arabie saoudite et de l’Egypte, qui soutiennent la majorité, ou de la Syrie, alliée au Hezbollah.

Ces pays, dont de nombreux Etats du Golfe, veulent maintenir des relations acceptables avec l’Iran comme avec son allié syrien en dépit des réticences de leurs alliés occidentaux. C’est sous l’impulsion de ces Etats arabes que la « feuille de route » pour une sortie de crise au Liban, mise au point au début de l’année, a été modifiée de manière à devenir acceptable par l’opposition.

Dans une région traversée par des crises imbriquées les unes dans les autres, de l’Irak aux territoires palestiniens, et au moment où la Syrie et Israël reconnaissent officiellement avoir repris des négociations par le truchement de la Turquie, la leçon de Doha, qui prouve la supériorité du dialogue sur le passage en force, mérite sans doute d’être méditée.

La leçon de Doha
, éditorial du journal français Le Monde de l’édition du 23 mai


Disparition de Mohammed Zuheir al-Saddiq : l’art et la critique ou l’art de la critique?

Disparition d’un témoin à charge dans l’affaire Hariri : la France accusée. Quelques réponses simples, d’un point de vue hexagonal :

– La France à t-elle intérêt à faire assassiner ou disparaître un détenu qu’elle refuse d’extrader, parce que justement il risquerait de perdre la vie ? (les juges français n’accordent l’extradition que lorsqu’ils ont les assurances que le prévenu ne subira pas de traitement inhumains ou dégradants ou qu’il ne sera pas condamné à la peine de mort)

– Bien qu’impliquée dans le dossier libanais, peut-on sincèrement penser que la France accorderait à cet homme une garde rapprochée (3 hommes et un chauffeur) du même type que celle qu’elle avait accordée, sous l’occupation, aux opposants?

– Alors que cet homme aurait dénoncé l’implication de Bachar el-Assad et d’Emile Lahoud dans l’attentat du 14 février 2005, la France aurait-elle intérêt à le faire disparaître?

– Une autre question : à qui, donc, profite le crime?

– Pour finir, supputons : s’agit-il, par ces accusations, de discréditer la France – ce qui serait lui donner, certainement, un rôle et des intentions quelle n’a pas, ou simplement de trouver un prévenu à la disparition du prévenu, ou et c’est encore mieux, de faire par là, une pierre deux coups.

En guise de conclusion, pour ne pas dire que lorsque les chiens aboient, la caravane passe, et ne vexer ainsi personne, reprenons les mots de Flaubert :  » On fait de la critique quand on ne peut pas faire de l’art, de même que l’on se met mouchard, quand on ne peut être soldat« …


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